Le Château de Beaulieu
Primitivement, Beaulieu était recouvert par la forêt, forêt immense puisqu’elle s’étendait jusqu’aux Ardennes actuelles.
Au Moyen-Âge,selon l’adage : « Nulle terre sans seigneur », le territoire de Beaulieu bien que couvert de forêts et de marécages, aux terres médiocres, dépendait d’un seigneur, en l’occurrence au seigneur de Nesle.
On retrouve dès le XIIème siècle des documents qui confirment la concession par le Roi de France à la maison de Nesle du haut domaine de la vaste forêt de Bouvresse qui s’étendait alors sur plus de 5.000 hectares.
Seul le seigneur avait le droit de chasse. Alors, pour défendre leur terre et l’exploiter, les seigneurs de Nesle construisirent une place forte dans un terrain médiocre, attenant à la foret, proche d’une chaussée, la Calciata Belli-loci allant de Nesle à Noyon, et bénéficiant de la présence de nombreuses sources ou fontaines.
C’est ainsi que débute l’histoire du château de Beaulieu.
Des pièces authentiques permettent de la commencer en 1115, faisant état de Raoul de Nesle, dit Raoul II, qui possédait un fort afin d’assurer la défense et l’exploitation de ses terres et de son droit seigneurial de chasse. (recherches de Colliette en 1772, Leroy-Morel en 1858 et Dardenne en 1930)
Au fil du temps, cette place forte devint un véritable château-fort, attirant une population croissante de paysans, protégeant le prieuré et l église et même servant de refuge à son seigneur : c’est ainsi qu’en 1370, les Anglais ne purent s’en emparer.
Au début du XVème siècle, le château de Beaulieu-en-Vermandois était de forme octogonale. Armés chacun de quatre canons, ses cotés étaient protégés à leurs jonctions par des tourelles d’angle. Au centre s’élevait à 50 pieds (15 à 20 m) un donjon à 8 pans.
Au sud, se trouvait un pont-levis défendu par une redoute triangulaire armée de 12 canons. Elle était entourée de profonds fossés larges de 12 mètres alimentés par les eaux du voisinage.
Les seigneurs de Nesle se faisaient représenter à Beaulieu par un capitaine-gouverneur, à la tête d’une compagnie d hommes armés, et par un prévôt qui administrait le domaine.
En 1465, le château fut assiégé par Charles le Téméraire qui s’en emparât et détruisit la tour centrale qui ne fut jamais rebâtie. Il fut ensuite pillé et brulé en 1676 par les Impériaux en guerre contre Louis XIV.
Par la suite, à la fin du XVIème siècle, on rétablit une tour et un corps de logis qui ont servi de base à la restauration actuelle datant de 1928.
Le Cachot de Jeanne d'Arc
La Prison
Le soir du 23 mai 1430, Jehanne était dans les mains de Jean de Luxembourg, qui l’amena dans son logis de Clairoix.
«
Après briefs jours, l’envoya sous bonne conduite dans son château de Beaulieu », à l’époque Beaulieu en Vermandois.
Au début, elle fut traitée sans trop de sévérité et il lui fut même laissé son propre intendant,
Jean d'Aulon, ainsi que Poton le Bourguignon, frère de Jean d’Aulon. Incarcérée au premier étage d'une tour, elle pouvait quitter sa geôle pour aller prier dans la chapelle du château.
Elle avait remarqué un endroit où l’on pouvait franchir l’enceinte entre deux poutrelles disjointes «
inter duas pecias bosci ». Un jour, profitant d’une heure favorable, elle réussit à déplacer deux solives du plancher et se laisse glisser jusqu'au rez-de-chaussée, probablement à l'aide d'une corde. Ayant faussé compagnie à ses gardiens, «
elle les aurait enfermés dans la tour, n’eût été le portier qui la vit et rencontra » et c’est ainsi qu’elle fut appréhendée. Ce fut la première des deux tentatives de fuite de Jeanne.
A l’issue de cette tentative, la surveillance devint plus stricte : le gouverneur de Beaulieu,
Jacotin Estobert renforçât la garde, interdit les sorties. Il y avait, dans une des tours du château, un réduit où l’on descendait par quelques marches de pierre : il recevait le jour par une meurtrière ouvrant sur les fossés. C’est là, suivant la tradition, que l’on enferma Jeanne.
Le Cachot
Après la porte de fer, un escalier de six marches nous mène à un portillon en fer lui aussi.
Sur l’arche qui le surmonte, nous lisons l’inscription :
« Cachot de Sainte Jeanne d’Arc »
Construction cintrée de 2 m 43 de long, sur 1 m 28 de large et 1 m 85 de hauteur
En bas à gauche une petite meurtrière qui permet son aération.
A ce niveau, l’épaisseur de la muraille 1 m 15
On peut voir nettement la différence entre la pierre de la forteresse du temps de Jeanne et la reconstruction au XVIIe en brique.
En renfoncements : siège et étagère ou l’on mettait la nourriture
La pierre d autel est celle d’un autel portatif qui a servi au front durant la Grande Guerre, pierre donnée par l’Association Notre-Dame du Salut de Paris.
La première messe eut lieu le 29 septembre 1928 célébrée par le PRP Marie-Clément.
D’autres châteaux comportent ce même type de cellule dans un châtelet d’entrée, notamment le cachot de la porte de Nevers à Saint Valery sur Somme.
Il est quand même étrange d’y voir un siège et une étagère ce qui laisse à penser que ce sont vraisemblablement des modifications ultérieures sans tenir compte du cachot initial.